Souvenirs de concerts #2

Pour ce deuxième « souvenirs de concerts », direction La Réunion avec Anne-Gaëlle, ancienne responsable de la communication au festival Sakifo pendant près de 8 ans. Ici, elle ne revient pas sur un concert en particulier mais plutôt dans les coulisses et l’atmosphère générale de l’organisation d’un festival aussi divers que le Sakifo. 

Anne-Gaëlle et Stromae lors de la conférence de presse du Sakifo 2014 ©Lionel Guigui

Comment je me suis retrouvée sur le festival Sakifo ? En 2010, après mes études en France, je suis rentrée à la Réunion (d’où je suis originaire) en 2010 pour trouver du travail. Le festival cherchait quelqu’un en stage à la communication, ça me correspondait pas mais j’ai quand même envoyé mon CV en leur expliquant que j’étais auto-entrepreneur (le temps de trouver du travail) mais que j’étais ok car ça faisait plus d’un an que je cherchais un emploi. Mon CV leur a plu, j’ai bien précisé que je n’étais plus étudiante mais que j’acceptais la mission, même pour 4 mois. Un festival de musique ? Super vu que la musique est une de mes passions, donc j’ai débarqué en tant que stagiaire/auto-entrepreneur.
Cette année là, une grosse opportunité s’est présentée car le directeur de la comm’ en place depuis 10 ans a décidé de quitter la boite, il ne restait donc que le développeur web pour reprendre ce pôle seul mais comme il n’allait pas s’en sortir, il m’a demandé «j’y connais rien en comm’ tu veux bien m’aider ? » j’ai accepté et j’ai kiffé. Je suis revenue donc en CDD mais lui aussi a décidé de se barrer ! C’était en 2012.
Du coup je me suis retrouvée seule à ce poste, avec seulement un an d’expérience, mais tout le monde était content de mon travail, ils m’ont fait confiance, et je suis donc devenue directrice de la communication en CDI à partir de 2013.

Mon boulot : faire la promotion du festival, assurer la coordination avec les différents presta aires (imprimeurs, afficheurs), manager une équipe (composée d’un community manager et d’une assistante comm’), et gérer principalement les relation presse (lien entre artiste/média, planifier les interviews, etc.) 
En plus du festival Sakifo, j’ai participé à l’organisation des Francofolies de la Réunion, donc la 4ème édition a eu lieu en 2020.
Le développement à l’international du festival allait grandissant ces dernières années; en 2015, le créateur du Sakifo, Jérôme Gallabert, a créé le Zakifo en Afrique du Sud, permettant à des artistes internationaux de faire des tournées dans l’océan Indien, c’est comme ça qu’on a eu Ben Harper ou Morcheeba. 

C’était assez difficile d’assister aux concerts car je n’avais jamais le temps, je devais gérer les problèmes et comme il y avait 6 scènes réparties sur 4km, c’est fatiguant !
Quand je me « posais », c’était pour gérer les journalistes dans la fosse, j’ai jamais réellement vu un concert en entier, sauf un, celui de Big Flo et Oli en 2019 pour les Franco car le concert était complet, ils ne voulaient pas que les journalistes viennent au début du concert mais à la fin, donc là j’ai pu tout voir et suis allée en fosse à la toute fin. C’était super !
En revanche, ils ne voulaient rien faire en amont (alors que ce sont les artistes les plus demandés et j’ai une anecdote à ce propos : je suis en lien avec les équipes en métropole mais qui ne viennent pas à la Réunion, y a que leurs managers par exemple.
Je cale donc une conférence de presse à telle heure, tel jour, validée par l’équipe et je la fais toujours la veille du concert pour que ce soit dans la presse le jour du concert.
Donc tous les journalistes étaient là, à attendre. Big Flo et Oli n’arrivent pas, on attend presque 45 minutes, je vais voir leur manager, et en fait, ils étaient en chill à la piscine, je leur dis que les journalistes les attendent pour la conf’ de presse, la manager me dit « mais c’est demain ? » ce à quoi je réponds « ah non c’est maintenant » donc gros quiproquo entre eux et l’équipe en métropole qui n’a pas confirmé la bonne date.
Donc ils ont fait 15 mn de conf’ pour les journalistes présents, obligé d’en refaire une autre le lendemain.

Big Flo et Oli ©Culture Saint-Pierre

Autre histoire avec Pete Doherty : même s’il buvait, il gérait son ivresse, ça se voyait pas et il cachait sa bouteille de bourbon pour les photos !
Bon, lui aussi en retard mais c’est habituel chez les artistes. Il arrive donc en retard mais, en peignoir mais avec les chaussures de ville et le beau chapeau !
Il fait toute la conf’ et quand on lui demande de faire les photos, il se lève et dit « je reviens, je vais m’habiller » sauf que le gars a disparu pendant plusieurs heures, son manager était en sueur ! 
Les journalistes ne voulaient pas partir, il est revenu au bout de 2h, Lorsqu’il est revenu à la conf, un journaliste lui demande ce qu’il va interpréter, il commence à chantonner un de ses titres pour finalement dire « ah non en fait, je la chante pas celle là », ça nous a bien fait marrer !
Donc je préviens la production que tout va être décalé car juste après ça, il avait une répét’ sur le site car son batteur n’avait pas pu prendre l’avion, donc il a trouvé un batteur au dernier moment, qui a dû apprendre ses morceaux en une aprem. On a dû fermé une partie du site vu que le festival était déjà ouvert au public. 

Peter Doherty and The Putas Madres ©Sandrine Hubert Delisle

Pour être honnête, je suis un peu « fatiguée » des artistes à cause de tout ce coté idéalisé par les médias. Il y a des artistes que j’adorais et que j’ai rencontré et quand j’ai vu leur comportement, j’ai arrêté d’écouter leur musique tant ça m’a choqué. Parfois, c’est l’équipe qui est hyper protectrice quand tu dois préparer des trucs en amont.
À l’inverse, il y a eu des artistes qu’on avait peur de gérer (à cause de leur réputation) et qui ont été plutôt cool comme Eddy de Preto ou Pete Doherty.

Je suis restée 8 ans et un mois précisément, j’ai quitté l’aventure car ça devenait épuisant (on dort pas beaucoup dans l’événementiel haha), il faut se réadapter en permanence; puis je suis devenue maman, ce qui mobilise encore plus d’énergie et j’ai voulu consacrer plus de temps à ma famille.
Je voulais me laisser encore un peu de temps avant de partir mais l‘année 2020 a accéléré la réflexion. 
Pendant ces 8 ans, la première année était kiffante car c’était la découverte, mai j’ai surtout adoré l’année 2016 pas tant pour la programmation mais surtout l’ambiance au niveau de l’équipe, tout le monde s’entendait super bien, on a fait des super afters !

Si je devais résumer l’esprit du Sakifo, je dirais que c’est de l’éclectisme pur tant dans le public que dans la programmation des artistes/genres musicaux (on accueillait des artistes internationaux et locaux)
C’est la réunion des musiques à la Réunion !

©Elsa Lauret

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